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Quelques mots sur le répertoire joué

 

La carrière de Gil Evans se décline en deux grandes périodes, caractérisées chacune par une manière musicale.

 

La première – jusqu’à 1966 – a progressivement déployé un système d’écriture atteignant son apogée entre 1957 et 1964, notamment dans les quatre albums classiques avec Miles Davis – Miles Ahead, Porgy & Bess, Sketches of Spain et Quiet Nights. Cette écriture, par sa précision, sa sophistication et son raffinement, est devenue dès lors une référence pour tout un pan du jazz écrit.

 

À partir de 1969, Gil Evans renverse diamétralement sa problématique pour privilégier l’improvisation en moyenne et grande formation. Sa musique consiste alors souvent en quelques parties écrites succinctes – jusqu’à un simple thème exposé à l’unisson – encadrant des plages d’improvisation extensives – généralement sur un accord unique – lesquelles deviennent l’enjeu majeur des prestations evansiennes.

 

Le projet qui prend naissance aujourd’hui sous l’intitulé Gil Evans Paris Workshop a pour ambition de prolonger l’héritage evansien en réconciliant les deux approches successivement privilégiées par le maître.

 

Concrètement, le répertoire se constituera ainsi :

 

  • Arrangements de Gil Evans souvent retouchés par Laurent Cugny - (par exemple Thoroughbred, Priestess, Orange was the colour of her dress, then silk blue, Goodbye Pork Pie Hat, The time of the Barracudas, Bud and Bird, etc…)

  • Arrangements issus du répertoire du Big Band Lumière ou de l’Orchestre National de Jazz Dir. Laurent Cugny - (par exemple In Tempo, Fun, etc…)

  • Arrangements originaux sur des compositions inédites – (par exemple, Liviore, La vie Facile, Krikor, My Man’s Gone Now, etc...)

 

Quelques themes joués

 

Blues in Orbit (George Russell)

Une composition enregistrée par George Russell sur son album The Stratus Seekers en 1962 que Gil Evans a arrangée et enregistrée en 1964, 1971 et 1973. Il s’agit d’un blues très particulier puisque la quatrième mesure est réduite à un temps pour permettre à une figure de sept temps de se déployer sur la dernière mesure sans augmenter la structure traditionnelle du blues. À noter aussi au milieu un passage de pure polytonalité où un court thème en fa dièse se superpose à une basse en fa.

 

Time of the Barracudas (Gil Evans)

À l’origine la commande d’une musique pour une pièce de théâtre éponyme qui n’a apparemment jamais vu le jour. Une sorte de non-composition dont Gil avait le secret, avec trois accords et un thème-riff de quatre notes. Les deux premiers accords n’ont qu’une note de différence (Bb7sus4 et Abm6) et le troisième est un accord parfait à basse étrangère (Em/Eb). Pour la partie lente, il reprend la même série un ton au-dessous avec une pédale de la bémol sur les deux premiers. On retrouve cet assemblage simplissime saupoudré tout au long de sa carrière (General Assembly, So Long, Waltz). Là encore, j’ai procédé à un montage de ces divers arrangements.

 

King Porter Stomp (Jelly Roll Morton)

Gil Evans réarrange une première fois un arrangement initial de Fletcher Henderson et l’enregistre en 1958 pour l’album New Bottle, Old Wine. C’est un petit concerto pour l’alto de Cannonball Adderley. Il le réenregistre avec David Sanborn en soliste en 1975. L’arrangement que nous jouons est un mélange de ces deux versions, avec quelques ajouts personnels.

 

My Man’s Gone Now (George et Ira Gershwin)

Le standard de Gershwin issu de Porgy & Bess est d’abord arrangé par Gil Evans pour l’album éponyme. À cette occasion, il transforme la mesure à ¾ du thème initial en 4/4. Miles Davis conserve cette modification mais donne en 1981 une version très différente sur l’album de son retour, We Want Miles. C’est cette version que j’ai orchestrée.

 

Orange Was the Color of Her Dress, Then Silk Blues (Charles Mingus)

Un des miracles opérés par Gil Evans. Il prend une composition de Charles Mingus de tempo médium rapide et la ralentit considérablement tout en la réharmonisant. J’avais enregistré cet arrangement avec Gil et, comme solistes, Andy Sheppard et Gilles Salommez. Je l’ai à peine touchée. L’arrangement le plus sensuel et le plus voluptueux à jouer.

 

Goodbye Pork Pie Hat (Charles Mingus)

La magnifique composition que Mingus avait écrite à la mort de Lester Young (Porkpie Hat, son célèbre chapeau plat) et enregistrée avec Shafi Hadi et Booker Ervin aux ténors. Gil l’a jouée et enregistrée de nombreuses fois avec Chris Hunter dans les années 1980. Dans le bus de la tournée de 1987, il l’avait réorchestrée pour le Big Band Lumière. C’est cette orchestration que nous jouons. Gil l’entendait exclusivement avec un alto soliste. Je me suis permis de l’attribuer au saxophone baryton de Jean-Philippe Scali (ou de Pierre-Olivier Govin).

 

Liviore (Laurent Cugny)

Une composition inédite fondée sur huit mesures de mon premier arrangement pour le Big Band Lumière, en 1979. Ce sont les mesures d’ouverture, jouée huit fois, au cours desquels la moitié des vents jouent de l’écrit tandis que les autres improvisent. Le titre est une anagramme d’Olivier, le dédicataire de la pièce.

 

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